18 juillet 2005

Retombées de sombrero

Dans Retombées de sombrero, roman japonais, certains voudront voir une oeuvre autobio-graphique de Richard BRAUTIGAN. Il faut dire que des allusions du narrateur laissent le lecteur aller dans ce sens. Mais qu'importe : le propos n'est pas là.

Un "humoriste américain" (désigné comme tel durant tout le livre) est le personnage principal. Il pense à sa petite amie d'origine japonaise, avec laquelle il a vécu deux ans. Cette relation l'obsède douloureusement. Il habite dans le Richmond District de San Francisco, à seize rues de son ex. Il pense plusieurs fois l'appeler, mais :
- elle n'aimerait pas ça et raccrocherait ;
- il aurait peut-être la confirmation qu'elle est avec un autre homme...

Le ton est proche de celui que prend le narrateur de High Fidelity chez Nick HORNBY.
Il ne va pas en dormir de la nuit, « car bien longue est la nuit quand aigres les amours sont devenues. »

Le narrateur (ou bien Brautigan ?) nous prévient : les gens qui écrivent des livres drôles ne sont pas du tout drôles dans leur vie quotidienne. La "Dame japonaise" s'en est bien rendu compte très vite, seulement dès la première nuit passée ensemble, elle a aussi pu constater que l'humoriste américain faisait bien l'amour. Pas aussi bien qu'il le pensait, mais quand même. S'il avait seulement moitié moins bien fait l'amour, ça n'aurait pas duré deux ans entre eux.

Quel rapport avec le sombrero, direz-vous ?
Les premières lignes du roman de Brautigan sont les premières lignes du roman de son narrateur. Elles atterrissent à la poubelle. Mais pendant que l'humoriste américain consacre sa soirée à déprimer sur ses amours perdues, à se rendre victime de ses pulsions d'angoisse (les sandwichs au thon, les oeufs, un long cheveu noir retrouvé dans la salle de bain...), l'encre prend vie dans la boule de papier froissée, et c'est une histoire ENORME qui va se développer en toute indépendance, comme une mauvaise herbe dans l'éprouvette abandonnée d'un chercheur d'OGM :

« Un sombrero se détacha du ciel pour aller atterrir dans la Grand-Rue de la ville : aux pieds du maire, de son cousin et d'une personne sans travail. »
...

198 pages, coll. 10/18 en cours de réédition (?)


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