31 juillet 2005

Tokyo Montana Express

Avant de clore la "Quinzaine Brautigan", il faut emprunter le Tokyo Montana Express.

Point n'est besoin d'en relire l'exact itinéraire : celui-ci n'indiquerait que la suite décousue des très courts chapitres (parfois pas plus de quatre lignes !) qui composent le volume.

Richard Brautigan, on le sait, s'est pris de passion pour le Japon : petites amies japonaises, voyages fréquents, cuisine japonaise, érotisme japonais, etc. On le sait aussi, il est resté attaché à Livingston, le petit coin du Montana où il écrivait depuis sa grange à "plus de trois étages". Dans cet antre de la prose américaine hippie, 100 Watts ce n'est rien, et 300 c'est Broadway.

Par allers-retours constants, et par petites touches, Brautigan s'arrête sur des détails du quotidien : des ampoules à changer, la tempête de neige dans un downtown déserté, le programme télé et le menu des 48 condamnés à mort de Californie, les visites de Jimmie Carter en Egypte, l'assassinat de J. F. Kennedy... la météo, encore et toujours, les cornets de glace, et la beauté des femmes japonaises croisées à Tokyo, ou dans les lignes de train...

« Elle porte une paire de pantalons d'un bleu très léger. A son corps ils collent aussi étroitement que le ciel est ajusté à la terre. Ils ne sont pas là par hasard : la demoiselle a un corps magnifique et, sanctuaire du vingtième siècle qui baigne dans le plaisir des adorations, elle déambule. Du plus petit mouvement, de la moindre ombrette qu'à marcher ainsi elle en exprime elle est consciente, parfaitement. La violence du sentiment religieux qu'on a de son corps ? Elle n'a qu'à regarder les prières dans les yeux des hommes pour la connaître.
La voici qui à l'intérieur de la station Harajuku arrive au point x. Qui tend la main en arrière et sur le cul se donne une mignonne petite caresse. Et en est satisfaite. Elle sait bien ce qui est bon. En plus, tout ça, c'est à elle ! Adoncques amoureusement elle se le flatte, et en est très heureuse. »

Tokyo Montana Express est une manière de renouer avec le Brautigan de Willard... : la narration ici est décousue, mais il s'en dégage globalement beaucoup de poésie, pas mal d'érotisme, et beaucoup d'humour. Un Brautigan assez complet, à défaut d'être le mieux écrit.

298 pages, coll. 10/18 - 7,30 €

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