Le Faucon déniché
Dans un contexte médiéval, Jean-Côme NOGUES nous raconte ici une histoire d'amitié qui tourne mal, entre un jeune manant, Martin, et un magnifique hobereau trouvé dans les branches d'un pin, au coeur d'une forêt, sur les terres du seigneur.
L'HISTOIRE. Martin est un jeune garçon issu d'une famille nombreuse. Son père est bûcheron, sa mère éduque ses plus jeunes enfants à la maison. Martin n'est pas le dernier à aider son père au travail. C'est un garçon de bon tempérament, mais aussi un petit aventurier qui a la bougeotte : il est toujours fourré par monts et par vaux, un peu casse-cou, plutôt débrouillard. Un jour qu'il se promène en forêt, il aperçoit un nid perché au haut d'un pin, et décide d'aller y jeter un coup d'oeil. Il va y découvrir un ami, un jeune et puissant faucon. Martin décide de cacher sa découverte : il enferme le rapace en cage, et lui rend visite chaque jour. Il le dresse. Non pas pour chasser et tuer, mais simplement pour profiter de la liberté du ciel, et revenir toujours là où le garçon l'attend. Lorsque le fauconnier du seigneur s'apperçoit de l'existence du faucon de Martin, et qu'il découvre que Martin a "subtilisé" ce faucon sur les terres du seigneur...
Jean-Côme Noguès, en 1972, écrit cette histoire très belle et très simple, dans une langue écrite, exigeante, littéraire. Il ne se sent nullement obligé, comme Evelyne Brisou-Pellen, de "faire époque" à travers des reconstitutions langagières qui tiendraient plus du folklore que de l'historique. Cette histoire tient debout, elle est solide et documentée, et elle captivera sans aucun doute une majorité de lecteurs, pendant quelques pages au moins... Quelques personnages secondaires, ainsi que deux ou trois situations momentanées, mériteraient développement, et pour une fois, même la chute est vraiment intéressante.
Et pourtant, on n'aura pu s'empêcher de s'ennuyer énormément à la lecture de ce court roman. Peut-être parce que rien ne dépasse, rien n'est incorrect, rien n'est imprévisible. Ainsi, les manants restent manants, les seigneurs sont posés sur le pied d'estal de leur supériorité raciale, aucun événement (surtout pas la guerre) ne perturbe l'ordre établi. Martin Brichot, ce n'est pas un Garin Trousseboeuf avant l'heure.
Finalement, c'est une littérature jeunesse assez datée que nous découvrons ici. Elle ne se soucie pas des phénomènes littéraires à la Harry Potter, et pour cause. Mais du coup, l'auteur est assez loin de ce que le jeune lecteur exigeant, voire un peu réfractaire aux livres, est en droit d'attendre aujourd'hui. Une lecture à privilégier par affinité avec le thème, ou à la rigueur avec l'époque. Guère plus.
158 pages, coll. Livre de Poche, 1972