13 novembre 2005

Faits d'hiver

Ex-RDA.
Jakob, 15 ans, est chez lui ; il attend sa mère. Sa mère ne reviendra pas à la maison ce soir, et pour tout dire Jakob ne la reverra pas tout de suite... La mère de Jakob a fait un choix. Un choix pour elle, pendant quelques heures, pendant quelques jours et quelques nuits.

Jakob retrouve son pote Stefan devant leur collège, fermé pour cause de grêve : le rapport Pisa vient d'être rendu, qui dénonce les tares du système éducatif allemand. En matière d'éducation, Stefan va amener Jakob à emprunter des chemins parallèles. C'est vrai : autant profiter de l'absence de sa mère pour faire autre chose qu'une séance de cinéma !

C'est Jakob qui parle.

Anna, 20 ans, parle aussi. Elle vient de revenir d'une année passée en France. Elle va apprendre que "l'amour de sa vie" est mort, sans que personne ait pensé à l'avertir. Elle va se forcer à arrêter de lui parler dans sa tête, elle va tirer un trait sur le "tu", pour passer au "il".

Lors d'une étrange soirée, Anna et Jakob croisent leurs regards. Jakob tente de s'attacher l'attention d'Anna, Anna combat son envie de protéger Jakob.

Faits d'hiver, d'Arnaud CATHRINE, est une sorte de double journal intime (sans traces de dates, pourtant) : il y a celui de Jakob, et celui d'Anna. Chacun ses problèmes, chacun sa sensibilité. Celle d'Anna, pour tout dire, sent bon sa collection Harlequin, au mieux Danielle Steel... La voix de Jakob n'est pas beaucoup plus évoluée : c'est un garçon de 15 ans qui a la sensibilité placée peu ou prou au niveau de la braguette. Très attachant, quoi. Presque sympathique.

L'auteur construit ici une fiction moderne sentencieuse, figée dans une adolescence peu crédible (sans doute inspirée de la sienne telle qu'il la voit depuis sa situation actuelle), bercée dans une atmosphère de drame (et quel drame : un jeune homme est mort, et une mère délaissée a une aventure sans lendemain). Tout ici est grave et affecté, aucune bouffée d'air, aucun humour, pas de perspective. Certains passages frôlent la caricature du téléfilm psychologisant à la française, façon "Les Inconnus" : « Tu peux PAS comprendre !... »

C'est pourtant avant tout un tableau de l'ex-RDA que veut nous proposer Arnaud Cathrine à travers le double auto-portrait d'Anna et Jakob. Mais l'univers créé par cette écriture est pauvre, froid, fantomatique. Comme si l'auteur s'était fixé comme objectif de décrire une forme d'étouffement, sans jamais aller au fond de son sujet. On reste dans un balancement néo-romantique, indéterminé et ennuyeux, qui est comme plaqué sur la vie citadine d'aujourd'hui. Une vie qui n'est pas à proprement parler une "école des loisirs"...

111 pages, éditions Ecole des Loisirs - 8,00 €
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