30 octobre 2006

(BD) La Vie passionnée de Thérèse d'Avila

Prononcez A-BI-LA, bien entendu. Voici un recueil d'histoires dessinées par Claire BRETECHER, la maman d'Agrippine.

Sous le prétexte de faire une hagiographie espagnole, Bretécher revoit à sa manière très caustique quelques enseignements de la religion catholique à l'époque de l'inquisition. On observe donc Thérèse d'Avila, menant une petite vie de femme d'affaires, éduquant ses nonnes à tours de bras et à coups de grosses colères, car ce n'est pas tout, mais elle a encore quelques dizaines de couvents à fonder avant de mourir et d'être canonisée, la Thérèse.

Tout y passe pour tourner le culte en dérision : la nonne endiablée pour n'avoir pas bien surveillé "ses orifices", le prêtre victime des assauts sexuels de ses ouailles, la femme de Rodrigo qui attend son quinzième enfant en dix ans, car elle est bonne c(h)réti(en)ne.

Quand elle se fâche, Thérèse d'Avila se met à léviter et à dialoguer en aparté avec Iésousse.

La dernière histoire est un peu comme un bonus à la fin d'un Monty Python : c'est une suite de blagues plus potaches que jamais, qui font éclater de rire. Brétécher, très innocemment, nous la fait version portouguèche, et l'on rit, bien-sûr. Honte à nous, pauvres fanatiques anti-religieux.


50 pages, Editions Claire Bretécher - 9,50 €

28 octobre 2006

(BD) La Tendresse des crocodiles

Le volume est sous-titré "Une aventure de Jeanne Picquigny", et Fred BERNARD en est l'auteur.

Jeanne est une jeune femme séduisante, riche et cultivée. Elle a perdu sa mère lorsqu'elle avait huit ans, et depuis lors son père ne fait dans sa vie que de brèves apparitions. Entre temps, il part dans des expéditions plus hasardeuses les unes que les autres, au fin fond de l'Afrique équatoriale. On est dans les années 1920.

Jeanne s'est trouvé un gentil, beau et riche fiancé, le notaire Léon Philippon. Un bon substitut de papa et un amant attentionné.

Modeste Picquigny, l'aventurier géniteur de Jeanne, a disparu sans laisser de traces depuis plusieurs mois. Les tentatives de Jeanne pour rétablir el contact par voie postale, depuis Paris, restent sans effet. Alors Jeanne décide de partir chercher son père. Voyage initiatique sur le continent africain, grâce à la générosité aveugle de Léon, l'amant plon-plon.

A peine arrivée en terre d'Afrique, Jeanne se voit confiée à Eugène Love Peacock, figure stéréotypée de l'Indiana Jones décati. Et en route pour le voyage le plus long et le plus dangereux qui soit ! Rien ne sera épargné à Mam'zelle Jeanne : les guépards, les hippo, les éléphants, les moustiques gros comme des biftecks, les assauts sexuels de Love Peacock, la rupture à distance avec Léon, et bien entendu le fleuve infesté de crocos...

Un volume emprunt d'une poésie intime et sensuelle, qui fait le lien entre un personnage des plus attachants et un continent mi-fantasmé, mi-désabusé. Personnellement, j'adore le dessin : il faut voir toutes les moues que Fred Bernard fait prendre à son personnage principal. Et lorsque le regard s'éloigne un peu, pour pouvoir embrasser les gens et les lieux d'Afrique de manière plus large, la beauté du trait fin s'allie à la subtilité de la suggestion... cela vaut de belles pages de Corto Maltese, mais c'est comme si elles étaient traversées par un regard féminin, moins héroïque, plus sensible.

Une très belle lecture, qui trouvera une suite dans Lily Love Peacock, chez Casterman, qui raconte la vie quotidienne de Lily, fille d'un aventurier d'Afrique, dans les années 1960 à New York. Mais chut ! on en reparlera...


174 pages, éditions du Seuil - 16 €
Lisez aussi le billet sur L'Ivresse du Poulpe

(BD) Big Bill est mort

Wander ANTUNES et Walther TABORDA signent ici un album plutôt moyen.

Le thème central de ce volume ? La confrontation des noirs aux blancs d'un état du sud des Etats-Unis, dans les années 40 ou 50. L'histoire commence au moment où Big Bill, le caïd noir du coin, est retrouvé par ses deux plus jeunes frères pendu à un arbre, devant la maison de leur mère. Vous pouvez oublier le Ku Klux Klan : il n'en est pas question ici. Mais cela revient bien au même, puisque Big Bill, on va vite le découvrir, s'était fait tout un tas d'ennemis, noirs et blancs, dont plusieurs se sont alliés pour le tuer.

L'histoire est plutôt chouette, et l'idée de commencer avec la mort du personnage principal, comme l'annonce d'ailleurs le titre lui-même, est bonne sans être très originale. De là des récits insérés, des allers-retours entre le moment où les deux frères contemplent le cadavre de Bill, et les épisodes qui ont valu à ce dernier de se retrouver dans cette facheuse posture.

Mais il y a des "hic". D'abord, je ne trouve vraiment pas le dessin sensationnel. On est dans l'école de Van Hamme : silhouettes caricaturales de tous les personnages féminins, muscles saillants de tous les personnages masculins, gouttes de sueur qui ressemblent à de la peste bubonique... même la perspective n'est pas fiable, et certaines cases sont "mises en scène" de façon vraiment ridicule. Dès la première page, certaines postures des personnages paraissent tout bonnement impossibles.

Ensuite, l'écriture : elle est pauvre. Les dialogues tombent toujours à plat, il n'y a aucun art de la répartie. L'atmosphère se voudrait "tontons flingueurs", mais en fait on atteint péniblement le niveau de la cour de récré. Les personnages surlignent tout ce qu'ils disent. Il n'y a que du très très explicite, aucune retenue, aucune subtilité.

Enfin, l'intrigue se veut beaucoup trop riche pour une BD en 78 pages. En fait, un bon auteur romanesque pourrait pondre un volume de 300 pages au moins avec la même structure narrative. Il y a là matière à développer la psychologie, mais les auteurs n'en prennent pas le temps. Pourquoi n'ont-ils pas osé résoudre l'histoire en deux, voire en trois tomes ? Pour éviter cela, ils nous projettent plusieurs fois quelque mois ou quelques années en avant. L'action se démultiplie, on se met à nous raconter des histoires secondaires qui deviennent principale et n'ont aucun rapport avec Big Bill. A la toute fin, un narrateur omniscient nous résume en quelques mots ce qu'est devenu Jim, le jeune frère qui a vengé Bill.

Au risque de paraître pédant dans mon jugement, je crois que Big Bill est mort avait de bonnes choses pour faire une bonne BD, mais que les auteurs ont manqué de talent, ou fait les mauvais choix.


78 pages, coll. Paquet - 14,25 €

(BD) Lincoln

J'ai lu cette nuit les trois premiers tomes de la BD Lincoln, signée Olivier, Jérôme et Anne-Claire JOUVRAY.

Lincoln est un personnage aussi antipathique qu'attachant. Il n'a pas eu une chouette naissance, et son enfance ne lui a pas laissé le loisir d'avoir de grandes illusions sur la vie ici-bas. Ses trois premiers mots sonnent tout au long de sa courte vie comme un leitmotiv : "chier", "merde", "putain".

Lincoln est un cowboy qui n'a jamais gardé une vache. Un cowboy de western, autrement dit. C'est un gringalet à la mâchoire proéminente et au regard torve, qui aime à s'attirer des ennuis. Un provocateur grossier et mal léché. Un soûlard vaguement bagarreur qui finit toujours par se prendre un bon coup de santiag au cul.

Tout ça, jusqu'au jour où Dieu, habillé de l'éternel poncho et du divin sombrero qu'on lui connaît, lui tombe dessus, en pleine partie de pêche à la dynamite. S'ensuit un drôle de pacte, où Dieu refile 5 000 biftons à Lincoln, en échange de quoi celui-ci tolère pendant un moment de devenir l'objet d'expérimentations morales. Mais Dieu, dans sa mansuétude, a aussi donné à Lincoln l'immortalité, pensant que cela l'aiderait à changer de perspective sur la vie en général.

Lincoln se traîne ainsi, d'aventure en aventures, jouant aux cartes, provoquant des bagarres, se saoûlant, se faisant botter le cul, terminant ivre mort et amoché dans la gadoue des saloons.

Alors qu'il braque un train sous le regard éberlué de Dieu, voilà Satan qui s'amène, propose une tige à son collègue et le tourne en dérision. Plus tard, Lincoln accomplit un peu malgré lui son premier beau geste de justicier (en fait, un sale boulot de chasseur de prime), et le voilà affublé de trois nouveaux compères, fanatiques de son style inimitable. Ils deviendront ses apôtres, en quelque sorte.

Dans les deux volumes suivants, Satan revient à la charge, en soumettant Lincoln à la tentation. Mais Lincoln est aussi peu enthousiaste à servir Dieu, qu'à devenir le pigeon du diable. Après avoir laissé ses disciples dans un bled paumé où après le carnage, tout est à reconstruire, Lincoln s'en va malgré lui pour New York, en ce tout début de XXè siècle.

Un personnage et un cycle drôlement bien mené. Le dessin est admirable. Dieu ressemble à s'y méprendre à une créature de Larcenet. Lincoln est touchant d'obstination et de bêtise. Un quatrième tome existe, pourvu que je le dégote quelque part !


3 x 48 pages, www.bd-lincoln.com - 11 € chaque

26 octobre 2006

Anywhere in the train

S’il s’agissait de montrer qu’on n’est nulle part quand on est dans un train, je serais tenté de vous dire qu’effectivement, entre le point de départ et la gare d’arrivée, les lieux se confondent, le regard du voyageur se brouille, et sa conscience de l’espace. Je pourrais vous dire qu’un trajet Quimper-Paris prend actuellement quatre heures et quarante cinq minutes à l’usager raisonnable ; que pour un Paris-Brest il lui faudra laisser filer l’espace et le temps durant quatre heures et un quart, qui lui paraîtront beaucoup plus. Mais même sur des trajets plus courts, l’espace du nulle part ne s’exprime que très mal par les chiffres. Non, ce qu’il faut, voyez-vous, c’est expérimenter. Je pourrais alors vous raconter de curieuses rencontres, dont certaines à caractère hautement érotique, qui sont rendues possibles par le fait, décidément reconnu, qu’on n’est nulle part ni personne quand on est dans le train.

Mais je n’ai pas envie d’écrire toutes ces choses-là pour le moment.

Parce que. Si l’on n’est nulle part quand on est dans le train, c’est pour de tout autres raisons. Par exemple, voyez-moi, là, tout de suite, dans ce wagon de l’Inter-Loire. Je veux dire : “cette voiture”. Le train file, soleil à bâbord, à travers des campagnes vertes et indéterminées. On aperçoit la Loire, certes, de loin en loin. D’où le petit nom de la machine sans doute ; rien ne serait plus facile à vérifier.

Deux rangées de sièges rembourrés de compassion sous un plafond vert glauque. Les rideaux sont assortis. Les assises aussi, par rayures. Je me place toujours côté fenêtre. Les gens qui se placent côté couloir, je ne les comprends pas, je ne veux même pas essayer d’entendre ce qui les motive. L’autre jour un train est entré de plein fouet dans un autre train, en Lorraine. Il y a eu plusieurs morts. Je me doute bien que les personnes qui s’assoient au bord de la travée centrale sont les moins exposées aux chocs en cas d’accident. C’est logique. Si, si, pensez-y un moment, vous verrez. Pour ma part, si je fais déjà l’effort de n’emprunter que les voitures de queue, alors ne me demandez pas en plus d’abandonner la fenêtre, ça non.

Côté fenêtre, on peut regarder dehors. C’est comme lorsqu’on est passager d’une voiture, si vous voulez ; une vraie, je veux dire. D’ailleurs, voilà quelque chose qui m’insupporte : être à l’avant sans avoir le volant. Sans appuyer ou relâcher les pédales, sans faire grincer le levier de vitesses, sans actionner les clignotants. Sans pouvoir décider qui ouvrira sa vitre, et jusqu’où. Non merci. Très peu pour moi. « Plutôt le train côté couloir que l’auto à la place du mort ! » C’est dit.

Côté fenêtre, on peut regarder dehors. Je sais : je l’ai déjà dit. Côté fenêtre mon regard peut fuir vers l’extérieur ; côté couloir il deviendrait claustrophobe, le bougre. Du côté de la fenêtre je peux croire à la perspective, ce machin inventé par des peintres. Je peux regarder les vaches autant qu’elle me regardent ; mais elles ne me voient pas, car leurs yeux ne fuient pas aussi prestement que les miens. Si je regarde tout le temps, si je regarde partout, je ne suis nulle part quand je suis dans le train, côté fenêtre. Car je me projette sur les collines, à travers les champs à perte de vue, derrière les vitres de tous les bâtiments aperçus, je traverse les halls de gare, aborde à tous les quais auxquels je ne descendrai pas, dans les distributeurs rouges j’achète des boissons en rien désaltérantes, des barres chocolatées qui me laissent sur ma faim, je fais escale à Oudon dont je connais déjà tous les habitants, sans avoir jamais eu l’intention d’aller au-devant d’eux.

En bref je ne suis plus dans le train. Dans d’autres sphères spatiales et temporelles, j’élabore un art de la fuite. Secoué, balancé par les rails qui me mènent à coup sûr vers le terminus, je vis pourtant dans l’évitement quasi-parfait.

Certaines personnes vous diront que j’ai fui en moi-même. Voilà vraiment un point de vue romantique sur l’affaire. Ou bien psychanalytique, c’est au choix. Mais qu’on ne me fasse pas dire ce que je n’ai pas écrit. Je ne rêve pas de grosses locomotives puissantes s’encastrant violemment dans de longs tunnels étroits et transpirants. En tout cas, pas souvent.

17 octobre 2006

10 000è visite

Ben voilà : ça arrive, la dix millième visite sur ce Blog à Lire entretenu consciencieusement par mes soins, et lu et commenté par de nombreux "vous". Alors merci à vous, et un sourire par avance... To be continued !

15 octobre 2006

50.000 dollars

Le recueil 50.000 dollars rassemble six nouvelles de Ernest HEMINGWAY, écrites entre 1925 et 1929.

La première d'entre elles, qui donne son nom au recueil, a déjà été présentée ici-même : elle met en scène quatre ou cinq personnages, très "hard-boiled", dans le milieu de la boxe et des paris.

Les deux nouvelles suivantes, "Mon vieux" et "L'invicible", évoquent respectivement les courses de chevaux et la corrida. Elles sont exemplaires elles aussi, ne serait-ce que par leur évocation de Paris pour la première, de l'Espagne pour la seconde.

Les trois dernières nouvelles sortent du thème sportif, pour poser des situations humaines de façon plus large. Hemingway ne met en scène presque que des hommes. Dans "Le village indien", le jeune Nick accompagne son père et son oncle dans un petit village indien, où une femme n'arrive pas à accoucher. Le garçon va voir dans la même nuit la naissance et la mort, de très près. Une nouvelle surprenante qui nous laisse en suspens.

C'est un peu le même principe pour "Les tueurs" : trois personnages travaillant dans un restaurant de bord de route voient débarquer deux étrangers. Ceux-ci, maîtres de leur art, commandent à manger, avalent calmement leur dîner, puis prennent l'établissement en otage. Ils attendent Ole Andreson, le Suédois, pour l'abattre. Là aussi, un jeune garçon prénommé Nick se voit contraint de prendre la tangente par peur d'y laisser sa peau.

Se dégage de ces deux nouvelles l'impression qu'en Amérique, la vie de chaque homme dépend du droit du plus fort.

Mais la pièce maîtresse de ce recueil, à mon avis, c'est "Le champion", une nouvelle en 15 pages. En tant que lecteur, je n'aime pas particulièrement le genre de la nouvelle : je lui préfère généralement le roman, plus complexe, plus développé. Mais Hemingway, ainsi que J.D. Salinger dans un autre univers, accèdent à travers la nouvelle, il faut l'admettre, à une forme de perfection du récit.

Un homme se fait jeter d'un train en marche. Il se relève, esquinté, et se met à marcher à travers les bois, en pleine nuit, maudissant le serre-frein qui l'a cogné. Il aperçoit bientôt une sorte de feu de camp. Un homme à côté du feu : Ad Francis, un ancien boxeur bien connu. Son visage est bien abîmé, il n'a plus qu'une oreille, et de l'autre côté un simple bout de chair. Il invite le vagabond à partager le bout de gras. Bugs, le compère de Ad, surgit du fond de l'obscurité. Ils mangent tranquillement. Ad raconte à notre homme comment sa carrière l'a lâché, comment il lui arrive de devenir fou. L'homme ne le prend pas vraiment au sérieux. Ad se renfrogne... puis il se lève et marche sur l'homme.

Jamais je n'ai vu une ambiance aussi épaisse posée en aussi peu de mots. Hemingway écrit "Le champion" avec un talent absolument incroyable. Quinze petites pages passent, et quelque chose nous est arrivé entre les lignes. La nouvelle contient sans le dire une leçon sur l'Humain, de l'ordre de celles autour desquelles tourne Edward Bond dans ses pièces de théâtre les plus sombres.

Je suis soufflé !


175 pages, coll. Livre de Poche 1958 - 2 €

12 octobre 2006

Dans le train, épisode 4

J'ai lu ce soir la nouvelle très connue d'Ernest HEMINGWAY sur le monde de la boxe : "50.000 dollars"...

Jerry Doyle entraîne un crack de la boxe, Jack Brennan, en vue d'un match à venir. C'est Jerry qui raconte. Jack est bien entouré, dans le camp où son manager l'a envoyé passer les dernières semaines de préparation physique et mentale. Mais Jack n'est plus un jeune boxeur, et son dernier match l'a destabilisé.

Jack pense à sa femme tout le temps, et à ses filles. Cela l'empêche de dormir. Il fait des pronostics sur lui-même, et sur son challenger : Lewis était un "youpin", Walcott est un romanichel, après tout, ça revient au même de corriger l'un ou l'autre. Des "amis" rendent visite à Jack à la veille du match, ils s'entretiennent avec en lui en privé. Au sortir de quoi, Jack a les yeux dans le vide. Il ne fait plus de pronostics, mais des calculs... et pour retrouver le sommeil perdu, ils se saoûle.

Le combat a bien lieu, dans un Madison Square Garden bondé. Walcott est le favori de la foule. Coups bas échangés, puis la défaite pour Jack. Alors qu'on lui enlève ses gants, ses "amis" se frottent déjà les mains...

Décidément, la boxe est un thème littéraire et artistique très viril et vraiment fascinant. Quentin Tarantino a sûrement lu "50.000 dollars" avant d'écrire le rôle de Bruce Willis dans Pulp Fiction, et l'on retrouve aussi dans l'ambiance posée par Hemingway un peu du Raging Bull que jouait le jeune Robert De Niro.


Du même auteur : L'Adieu aux armes et L'Etrange contrée
La nouvelle "50.000 dollars" est issue d'un recueil éponyme.

07 octobre 2006

(BD) Le Temps de chien

Vous ne le savez sans doute pas, mais Sigmund Freud a vécu une "aventure rocambolesque" en Amérique, accompagné de son volubile valet viennois, Igor.

Le but de ce voyage est tout simple : démontrer que les théories sur la psychanalyse qui l'ont rendu célèbre sur le vieux continent en ce début de XXè siècle valent aussi outre-Atlantique, sur cette étendue sauvage où les hommes et les chiens vivent sans foi ni loi.

... Les chiens ?!

Ben oui, les chiens. Parce que très rapidement, Sigmund et Igor se rendent à l'évidence : les pauvres ères mexicanos qui vivent sur ces terres arides et désolées, soumis à des vies cruelles et injustes, tragiques avec acharnement, ne vivent pas mal. Ils n'ont aucune vision de la fatalité, ne se plaignent pas de leur sort, et ne font pas spécialement de cauchemars. Alors quand nos deux compères tombent sur un chien bâtard en cavale, car fraîchement échappé d'un bagne de clebs, l'individu en question, pourvu de la parole, tombe à pic sur la paillasse de la science moderne.

S'ensuit un drôle de pacte, car Spot le chien est à la recherche d'une âme, et que Sigmund veut lui donner une psychanalyse. Les gardes de la geôle canine sont aux trousses de cette équipée sauvage, et dans ces terres frontalières du Mexique les mystères vaudous flirtent allègrement avec la métempsychose.

Une histoire désopilante.


48 pages, coll. Poisson Pilote - 9,80 €
Dans la même série, Le Fléau de Dieu,
"Une aventure rocambolesque d'Attila Le Hun"

(BD) Total souk pour Nic Oumouk

Manu LARCENET s'est lancé en 2005 dans une nouvelle série destinée aux jeunes lecteurs : ce sont les aventures de Nic Oumouk, jeune garçon un peu casse-cou et beaucoup malchanceux, dans une cité.

Le personnage éponyme est bien vite campé, et il est attachant de maladresse. On le voit un peu avec ses copains d'école. C'est la deuxième fois que Larcenet dessine les cours d'école, après Les Cosmonautes du futur. Il le fait avec beaucoup de talent, et une tendresse évidente qui peut rappeler Sempé.

Mais Nic Oumouk, en dehors de ses copains, de sa mère et de sa grand-mère, est aussi entouré de personnages plus improbables. Le premier d'entre eux est un vengeur masqué qui sévit dans la cité : Edukator, le correcteur d'orthographe, à mi-chemin entre Monsieur Mégot et Raymond Calbuth. Le second répond au nom de Yannick Noah, mais n'est pas tout-à-fait aussi pacifiste que l'original. En fait, il tient plus de la caricature Joey Starrienne, toujours accompagné de deux larrons, silencieux mais pourvus de gros bras qui impressionnent Nic Oumouk.

Yannick Noah Joey Starr va pousser Nic Oumouk à commettre quelques délits pour son compte personnel : « Comment que c'est dur, la vie de délinquant, je ne sais pas si je pourrai faire carrière... » Mais c'est Edukator le véritable roi de la jungle urbaine...


48 pages, coll. Poisson Pilote - 9,80 €