02 juillet 2007

(BD) Jazz Maynard, tome 1

Pour réaliser ce premier volet d'une "trilogie barcelonaise", prévoyez une bonne dose de Corto Maltese, un souçon de Taxi Driver et de Matrix, et quelques jeunes filles à fortes poitrines de préférence dénudées...

C'est publié chez Dargaud et c'est une traduction de l'espagnol, si j'ai bien tout compris. Les traducteurs ne sont pas franchement à l'honneur dans les maisons d'édition de B.D. : il faut regarder attentivement ce qui est marqué dans les petites lignes au-dessus du copyright et là... "traducteur : Charles D'haene". Eh bien il méritait d'être cité, cet homme là : il fait du bon boulot.

Les deux auteurs de ce triptyque commençant bossent bien eux aussi : ils ont révisé leurs classiques du cinéma et du polar, ils ont une connaissance parfaite du prototype "mauvais garçon" ainsi que de celui qu'on pourrait appeler "blonde à (très) gros seins qui ne s'exprime que par onomatopées monosyllabiques et qui se fait toujours mettre à poil et taper dessus par les méchants".

L'atmosphère est rapidement posée : nous sommes à El Raval, quartier chaud d'une Barcelone contemporaine où règne depuis quelques temps une mafia locale comme on les aime. Notre héros éponyme répond au nom poétique et franchouillard de Jazz Maynard. Il revient des States, comme tout jazzman qui se respecte. Il a un don certain pour la trompette, et pour la castagne(-tte). Il est revenu sauver sa sœur des griffes du chef des méchants, qui la drogue et la met à poil et lui cogne dessus. "Home sweet home", ça veut dire "l'homme transpire sur l'homme"...

A ce stade de votre lecture, si vous êtes bien éveillé(e), vous avez compris quel personnage correspond à quel prototype. Nous pouvons donc continuer.

Les couleurs, les perspectives, la "mise en cases" sont très bien maîtrisées. Les traits des personnages principaux comme ceux des personnages secondaires tendent vers l'art de la caricature : des visages et des cheveux anguleux comme ceux de certains mangas, des biceps et des attributs très charnus comme ceux qu'on a vus chez Van Hamme, par exemple. Les plans s'enchaînent avec autant de savoir-faire que dans un film d'action à gros budget. La psychologie est sommaire et les incohérences frappantes.

Bref, on est ici en présence d'une B.D. d'auteurs qui se fait du gros cinéma, ou bien d'une B.D. à gros tirage qui se fait passer pour de la B.D. d'auteurs. Le scénario déçoit très vite et le manque total d'humour m'a amené à rire.

Jusqu'au moment où une bande de samouraï débarque sans crier gare dans la case barcelonaise, la prenant sans doute pour une auberge espagnole. Et là, tout d'un coup, il y a du Samourai Champloo, voire du Dragon Ball Z (que je connais mal, ne me frappez pas si je fais erreur) dans l'air. Leur arrivée soudaine sous le nez de Jazz Maynard, c'est un peu comme la rencontre fortuite de Jacques Villeret, fraîchement débarqué de l'espace, avec Le Glaude et sa soupe aux choux. Et ça vient à point nommé pour ranimer ma curiosité agonisante, me mettre l'eau à la bouche pour la suite de l'aventure, pour faire couler un peu de bave à la commissure de mes babines babyloniennes.


48 pages, éd. Dargaud - offert
La B.D. a son site web par ICI

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