17 février 2009

L'Implacable brutalité du réveil

Pascale KRAMER a écrit ce roman assez court, mais que j'ai lu péniblement.

C'est l'histoire d'Alissa, une jeune femme qui ne se sentait pas devenir mère et partir vivre sa vie, avoir son home et son mari qui ne rentre jamais et qui l'ignore. Et pourtant elle a fait tout ça, pour correspondre à l'image de ce que les autres attendaient d'elle. Les autres, au premier rang desquels se trouvent sa mère et son père.

Sauf que le bébé, ce n'est pas son truc, et que ses parents profitent de son installation... pour se séparer.

Le récit se fait à la troisième personne mais c'est un narrateur omniscient, qui sait tout des pensées d'Alissa et de pourquoi les poissons sont rouges. Le registre dominant, c'est la psychologie à outrance. L'écriture, elle est vraiment de qualité : phrases bien tournées, niveau de langue plutôt soutenu, avec de brefs passages de grossièreté pour effrayer les bourgeois.

Le principal problème à mes yeux, dans ce roman, c'est qu'il m'a profondément ennuyé. J'ai mis trois soirs à lire les trente premières pages, parce qu'à chaque fois que je m'y replongeais, je ne tenais pas plus de dix pages avant de m'endormir dessus. Un record personnel.

En réalité, au-delà de l'histoire qui me concerne assez peu voire me rebute mollement, je crois que c'est le rythme du roman qui m'a déplu. Une arythmie parfaite, en l'occurrence. Je suis persuadé que ce roman était fait pour faire une excellente nouvelle à chute. En cent quarante pourtant petites pages, le poisson est déjà noyé, et on a envie comme Alissa de vider le bébé avec l'eau du bain.


141 pages, éd. Mercure de France - 15 €
Offert par mon libraire dans le cadre du Prix RTL LIRE

Aurélien Malte

Aurélien Malte est détenu depuis 13 ans pour meurtre. Il lui reste un an à faire. Une jeune femme, par l'intermédiaire d'une association qui œuvre à la réinsertion, lui rend des visites depuis peu. Elle s'appelle Anne. Aurélien commence à lui écrire des lettres.

Jean-François CHABAS compose ici un récit très bien écrit, dans une simple et franche, sans effets de style, sans chichi. L'écriture d'Aurélien est liée à son tempérament, à son histoire, à son enfermement : elle est sobre et puissante. Avec beaucoup de pudeur, Aurélien livre ses pensées puis son cœur à Anne, qui ne lira pas ces lettres. Il revient peu à peu sur celui qu'il était, sur ce qu'il a fait, ce qui l'a mené là.

A vrai dire, je m'interroge : pourquoi publier ce livre en collection jeunesse ? Il n'y a ici aucune des petites facilités ou des compromis de langue, de psychologie, de polysémie qu'on trouve trop souvent au rayon jeunesse. En réalité, ce livre est profondément respectable parce qu'il vient bousculer la littérature "adulte" par la qualité de l'écriture et la sincérité de l'histoire et de celui qui la raconte.

Chapeau bas.


124 pages, coll. Livre de Poche Jeunesse - 4,90 €

16 février 2009

Si tu veux être mon amie

Deux jeunes filles échangent une correspondance alors que tout les sépare : l’Histoire, leur religion, leur nationalité. Seule la géographie en font des êtres proches : elles habitent à une dizaine de kilomètres l’une de l’autre, l’une en Palestine, l’autre en Israël.

Galit, 12 ans et Mervet, 13 ans, commencent une correspondance pour tenter de se connaître, et de comprendre la situation inextricable de leur deux pays : pourquoi une distance de 10 km est-elle infranchissable ? Pourquoi se rencontrer physiquement relève-t-il de l’événement, presque de l’exploit ?

Leur deux peuples se rapprochent par leurs mythes, leur langage (le mot merci est quasiment identique en hébreu et en arabe…), la même ville sainte. Mais l’intolérance, la haine, la rancœur augmentent de génération en génération.

Et en grandissant, les deux jeunes filles garderont-elles cet esprit d’ouverture ? cette saine curiosité de l’autre ?

L’échange est vrai, frais, candide et révolté, cherche à lever les incompréhensions mais elles ne sont pas toujours pas évidentes à accepter.

Ce livre a le mérite d’apporter un premier regard, accessible et sensible, sur un conflit qui dure depuis soixante ans et ne semble pas prêt de trouver une issue.


Galit FINK et Mervet AKRAM SHA'BAN
123 pages, coll. Folio Junior - 5,90 €
Une lectrice du BàL

07 février 2009

Lettres à sa fille

La célèbre Calimity écrit des lettres (qu’elle n’envoie pas), à sa fille (qu’elle a vue peut-être quatre fois en dix-huit ans et qui ne sait pas qui est sa vraie mère). La destinataire tant aimée de ces lettres ne sait pas que sa mère est le seul être que craignent les Indiens et que l’on fait appel à Calamity Jane pour escorter et conduire des diligences dans le grand Ouest américain…

Ces lettres témoignent du déchirement qu’une mère éprouve quand elle est séparée de sa fille. Mais cette séparation est délibérée : on ne peut pas être la pionnière la plus célèbre du pays, sur qui les commères bourgeoises des petites villes jasent vertement, et donner en même temps une éducation convenable à une jeune fille.

Au-delà de cette situation touchante, Calamity Jane dresse un portrait impitoyable des villes où elle fait escale. Sa langue se fait violente contre les bourgeois – et surtout les bourgeoises – empesés de convenances, qui lui reprochent de ne pas en avoir – elle, une femme – alors qu’ils se permettent les pires bassesses.

Parfois aussi, elle redevient maternelle avec un entourage qui fait sourire : elle recueille le bébé d’un couple peu fréquentable, et cuisine pour un groupe de hors-la-loi réfugiés à quelques centaines de mètres de sa cabane.

Bref, ces lettres offrent un visage bien différent de la caricature qu’en fait l’auteur de Lucky Luke.

Calamity Jane était une femme de cœur (dans tous les sens du terme) et d’honneur, sauvage certes, mais qui l’était parce qu’elle aurait étouffé si elle s’était conformée à la destinée d’une femme ordinaire.


128 pages, coll. Rivages Poches - 5,95 €
Une lectrice du BàL

03 février 2009

Oups !

Chères lectrices, chers lecteurs,

Je n'ai pas moins de 5  l i v r e s fort sympathiques à vous présenter sans tarder dans le cadre de la Quinzaine des correspondances !!

Eh oui, chers lecteurs et chères lectrices, mes retards d'écriture s'accumulent, mais au moins les lectures (et les photos) vont bon train !
Y a plus qu'à, comme on dit...

Nicolas
:)


P.S. : au fait, alors c'est Blutch qui remporte la mise à Angoulême ?!! Bon, OK c'est plus pertinent que Dupuy et Berberian mais euh... Angoulême pourra-t-elle nous surprendre un tout petit peu, un jour ? Heureusement qu'il y a de vagues petits lots de consolation très secondaires, décernés directement par le jury et par les partenaires. Finalement il faut regarder les petites récompenses et presque plaindre ceux qui sont adoubés et posés en tête de gondole. Ça me rappelle un festival de théâtre, tiens... :/